Le charme victorien

Que l'on me nomme Lady Setter ou Lady Moon cela fait largement référence soit à mon phénotype qui renvoie au setter anglais ou à la teinte de ma robe grise comme la lune. Il est vrai que dans l'équipe on me surnomme plus simplement Luna, toujours néanmoins en référence à l'astre nocturne, mais cela me convient bien.

 

Evidemment tout comme dans les poésies de Keats j'aime, je chérie l'amour. Je suis encore à la recherche de mon prince, du père de mes chiots. Je l'attends, je l'imagine, habile chasseur, racé dans ses manières, fier et rapide, mais aussi agréable et gentleman, obéissant à notre maître, oui je le perçois ainsi avec toute la fantaisie et l’espérance d'une jeune fille d'une année et demie.

 

Au sein de notre gentille escouade je dirai que j'occupe le rôle d'agent de sécurité, dédié au calme de l'exploitation je dépense toute mon énergie à rendre impossible l'accès de notre exploitation aux blaireaux, renards, sangliers et furets qui menacent perpétuellement tant notre cheptel galinéen que nos productions légumières. 

 

Il est difficile pour une jeune fille du monde, pour parler comme le fait si joliment Jane Austen ,de vivre avec des paysans qui ne perçoivent pas la beauté et le romantisme de la nature environnante, ne pensent qu'à travailler et plus que tout ne consomment que très peu de viande. Néanmoins, en véritable Lady j'accepte mon sort, me contente de peu et continue de rêver comme dans les romans de Dickens, à l'honnête chien, qui par grâce ou simplement par chance, viendra l'un de ses jours pour faire de moi sa chienne bien aimée. 

 

Le confinement cependant m'a beaucoup affecté car celui à induit une énorme déperdition de touristes anglais dans la région, et donc sur l'exploitation, et moi qui me réjouissait tant de l'arrivée des beaux jours afin de voir, de contempler l'arrivée d'un grand mâle d'outre manche en hâte de me renifler suavement, de façon à la fois délicate et quelque peu bestiale, le pelage.  

 

Where we love it never gets dark.


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