Glèbe, terre et humus

Né pour vivre paysan, je me sans à l'aise, sinon passionnément heureux, les mains dans la glaise. Rien de tel que l'argile, comme le disait si bien Shaykh Nazim El Haqqani dans son livre Océan de Sagesse, pour le bonheur des fils d'Adam. 

J'aime à courir le long des serres, à explorer les différents types de sols, à les comprendre en les aspergeant d'eau, à tâter de leur boue, à savoir quel degré de rage maman développera ensuite le soir lorsqu'il me déshabillera pleine de dépits en maudissant le fait de m'avoir mis des habits propres le matin.

 

Bien qu'objectivement, ou dirais je plutôt d'un regard extérieur, mes parents soient au sens propre les responsables sinon les gérants de la parcelle, il me faut avouer et je dis cela d'une manière relativement sûre puisque c'est l'expérience de terrain et le bon sens pragmatico pratique qui m'y font songer : les vrais maîtres du jeu sont bien plus moi et ma sœur.

 

En réalité, nous sommes les seuls qui pouvons, à l'instar des poules mais sans crainte du couteau, jeter les plaques de semis au sol, tout autant que même si nous égarons ou abîmons des outils avec une haute fréquence de récidive contrairement aux apprentis notre place au sein du groupe ne risque nullement d'être compromise, nous trouverons ainsi toujours gîte et couvert le soir même après une énorme journée pleine de bêtises.

 

Rien ne vaut la terre, les insectes, le rapport franc et direct à la nature, c'est là la réelle beauté du monde, ou tout du moins l'une des pistes à suivre pour découvrir quelques pans cachés de son infinie magie. Vivre cette expérience en famille, entourée d'animaux de fermes qui de fait sont familiarisés aux comportements anthropiques et ne se montre de ce fait ni craintifs, ni agressifs, demeure une expérimentation pédagogique de premier ordre, une école de la vie de tous les instants, et d'une réelle hétérogénéité, si ce n'est d'une merveilleuse magie puisque la salle de classe ne cesse d'évoluer de saison en saison. 

 

Quel meilleur théâtre pour un enfant que celui du monde agricole pour s'exercer, se muscler, travailler sa dextérité que se soit en repiquant des mottes d'épinards, en épluchant des pellicules d'oignons ou encore en poursuivant un coq ?

 

Et puis niveau bactérie, entre les crottes de souris, le caca de poussin et les griffures de chats quelle époustouflant catalogue de germes et pathogènes divers, qui si l'on n'en croit bon nombres d'infectiologues, permettent une réponse autonome et automatique du corps par la mise en place d'anticorps renforçants d’autant plus le système immunitaire.

 

Oui, bien qu'ils soient martyrs, quelque peu il me serait difficile et mal honnête de le nier, de notre capacité d’expérimentation des bêtises de plein air, je dois bien finir par admettre que papa et maman ont finalement bien faits, il y a de cela déjà quelques années maintenant, de changer de vie pour devenir paysans. La terre c'est la vie.


Biopop des fruits et légumes frais cultivés dans le Gard, entre Nîmes et Uzès, à vingt minutes au sud d'Alès,

tout au long des saisons, un choix, des prix, la qualité bio certifié, des méthodes prônant les sols vivants,

des livraisons jusqu'à Montpellier... Que demande le peuple ?